Grâce à elles, grâce à vous!

8 mars, 2020

Nouvelle

La Journée internationale des femmes est une célébration! Célébrons les pionnières, les mentores, les battantes, les légendes! Sans elles, nous n’en serions pas là. Sans elles, nous n’irions pas loin. Célébrons cette journée, sous le thème de Grâce à vous, pour mettre en lumière les contributions uniques et importantes de femmes québécoises, plus précisément celles grâce à qui nous pouvons voter depuis maintenant presque 80 ans. C’est aussi l’occasion de renouveler notre engagement à faire progresser la participation pleine et équitable des femmes à tous les aspects de la société.

L’histoire du Québec a été façonnée par d’innombrables femmes déterminées qui ont travaillé à promouvoir et à faire respecter l’égalité des sexes. Ces femmes ont défendu un certain nombre de droits de la personne qui sont devenus des valeurs québécoises fondamentales – le droit de vote aux élections provinciales et fédérales, le droit à la propriété, le droit à un salaire juste et équitable et enfin, le droit à la reconnaissance en tant que « personnes » devant la loi.

Au même titre que le 8 mars, le 25 avril (1940) est une date marquante dans l’histoire de la société québécoise. Ce jour-là, les femmes ont acquis le droit de vote et le droit de se présenter en politique.

La longue quête des Québécoises

L’Acte constitutionnel de 1791 accorde la qualité d’électeur à certains propriétaires, sans distinction de sexe. Certaines femmes du « Bas-Canada » qui ont les qualités requises interprètent cet « oubli » constitutionnel comme une autorisation pour voter. Elles sont les seules dans l’Empire britannique à se prévaloir de ce droit. L’air du temps n’est cependant pas favorable aux droits des femmes et en 1849, on corrige cette « irrégularité historique » en interdisant formellement aux femmes de voter.

En 1892, le premier ministre conservateur de la province, Charles-E. Boucher, fait toutefois voter une loi octroyant, pour les élections municipales et scolaires, le droit de vote aux femmes célibataires et propriétaires ainsi qu’aux veuves, à la condition qu’elles ne se portent pas candidates.

Le mouvement suffragiste

Au Canada, la Women’s Suffrage Society, première association de suffragettes, a vu le jour en 1883. Au Québec, il faut attendre le 20e siècle pour que s’amorce un véritable mouvement de lutte pour l’abolition de la discrimination électorale faite aux femmes. Le mouvement suffragiste québécois est essentiellement urbain et l’œuvre d’une minorité de femmes avant-gardistes pour l’époque. Le Comité provincial pour le suffrage féminin (CPSF), dont les membres sont pour la plupart issues de la Montreal Suffrage Associationet de la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste, voit le jour en 1922. Militantes anglophones et francophones s’unissent donc pour la même cause. Dès lors, deux femmes prennent la tête du mouvement suffragiste québécois : 

  • Idola Saint-Jean, avec l’Alliance canadienne pour le vote des femmes du Québec

  •  Thérèse Casgrain, avec le Comité du suffrage provincial (la Ligue des droits de la femme à partir de 1929)

En plus de militer au sein de ces organisations, les deux femmes, contribueront à briser des barrières en se présentant comme candidates au palier fédéral. Appuyée par des ouvrières, Idola Saint-Jean sera la première Québécoise francophone à se présenter, en 1930, comme candidate libérale indépendante lors d’un scrutin fédéral dans le comté de Saint-Denis. Thérèse Casgrain sera, pour sa part, candidate en 1942 dans la circonscription fédérale de Charlevoix-Saguenay, également en tant que libérale indépendante. Mme Casgrain deviendra la première femme à diriger un parti politique au Québec lorsqu’elle sera élue, en 1951, chef de l’aile provinciale de la Fédération du Commonwealth coopératif (CCF).

La quête pour les libertés démocratiques est longue: les adversaires sont nombreux. Le clergé, les politiciens, les journalistes, bref, la société en général ne souscrit pas à l’idée de voir les Québécoises devenir des citoyennes à part entière. Rappelons-nous qu’à cette époque, l’affranchissement politique des Québécoises signifie, pour la plupart des opposants, la fin d’un ordre social fondé sur l’exclusion des femmes. 


Les citations suivantes traduisent bien les préjugés auxquels sont confrontées les suffragettes:

« L’entrée des femmes dans la politique, même par le seul suffrage, serait pour notre province un malheur. Rien ne le justifie, ni le droit naturel, ni l’intérêt social; les autorités romaines approuvent nos vues qui sont celles de tout notre épiscopat. » (Cardinal Bégin)

« Advenant l’adoption de ce bill, la femme ressemblerait à un astre sorti de son orbite. » (L.-A. Giroux, conseiller législatif)

« … les Canadiennes françaises risquent de devenir des femmes publiques », « de véritables femmes-hommes, des hybrides qui détruiraient la femme-mère et la femme-femme ». (Henri Bourassa, fondateur du quotidien Le Devoir)

Soutenu par le premier ministre Joseph-Adélard Godbout, le projet de loi no 18 est adopté le 11 avril 1940 à 67 voix contre 9. Il reçoit la même majorité à la troisième lecture, le 18 avril. La Loi accordant aux femmes le droit de vote et d’éligibilité est sanctionnée le 25 avril 1940, mettant ainsi fin à la discrimination électorale faite aux femmes au palier provincial. Les Québécoises peuvent désormais voter et se porter candidates.

Page couverture de la Loi accordant aux femmes le droit de vote et d’éligibilité

 

La lutte des femmes pour leurs droits s’est donc faite pas à pas. Comme le disait Thérèse Casgrain à propos du combat des femmes pour le suffrage universel : 

« Si on y met le temps, on arrive à cuire un éléphant dans un petit pot! » Thérèse Casgrain

Joignez-vous à l’Afeas pour célébrer la Journée internationale des femmes et rendez hommage aux personnes de votre entourage qui travaillent à l’atteinte de l’égalité pour les générations à venir. Laissons-nous inspirer par l’incroyable travail accompli par les actrices et acteurs du changement en matière d’égalité, comme vous, dont le courage, le dévouement et le travail acharné continuent de nous faire avancer. En collaborant, nous pouvons créer un monde où l’égalité est atteinte.

Bonne Journée internationale des femmes à toutes!

 

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