Portrait de femme: Jeanne Mance

19 décembre, 2020

Nouvelle

Première femme blanche à fouler le sol de Ville-Marie, première infirmière laïque de Montréal et fondatrice de l’Hôtel-Dieu, Jeanne Mance est considérée comme la cofondatrice de Montréal avec Maisonneuve. Mais l’histoire lui a refusé très longtemps le titre de mère de la métropole.

L’apport de Jeanne Mance à la création de Montréal a longtemps été sous-estimé. Bien que ses contemporains reconnussent son rôle essentiel, ce n’est que le 17 mai 2012, après que la Ville de Montréal ait entrepris des démarches pour déterminer la teneur de sa contribution, que Jeanne Mance est proclamée fondatrice de Montréal, au même titre que Maisonneuve. 

Née à Langres en France en 1606, Jeanne Mance devient membre de la Société de Notre-Dame de Montréal, créée en 1640 à Paris par Jérôme Le Royer de La Dauversière, dans le but de fonder une colonie sur l’île de Montréal. Jeanne Mance tisse alors des liens avec des personnalités influentes qui soutiennent moralement et financièrement son projet. Elle reçoit notamment l’appui d’une riche bienfaitrice, Angélique de Bullion, qui souhaite préserver l’anonymat et qui finance la fondation d’un hôpital en Nouvelle-France. Infirmière célibataire, Jeanne Mance s’embarque vers la Nouvelle-France en 1641 et passe le premier hiver à Sillery, près de Québec, avant de se rendre à Ville-Marie. Le samedi 17 mai 1642, elle se trouve aux côtés de Maisonneuve quand celui-ci arrive sur l’île et prend officiellement possession des lieux au nom de la Société de Notre-Dame de Montréal. Le lendemain, lors de la messe donnée par le père jésuite Barthélemy Vimont, elle est aussi présente à cette cérémonie associée depuis toujours à la fondation de Montréal. Jeanne Mance et Maisonneuve se partagent le travail dans la colonie : alors que Maisonneuve est mandaté « pour le dehors et la guerre », Jeanne Mance voit au « soin du dedans ». Elle fonde notamment l’Hôtel-Dieu de Montréal en 1645 dont elle est l’intendante, la trésorière et la gestionnaire et qu’elle dirigera jusqu’à la fin de sa vie. L’établissement revêt alors les dimensions d’une modeste maison et abrite six lits pour les hommes et deux pour les femmes. Trop petit, il sera remplacé par un nouvel édifice en 1654.

Les premières années de la colonisation à Montréal sont difficiles pour Jeanne Mance et les quelques Français qui s’y trouvent : les conditions de vie sont peu reluisantes, le climat est hostile, la construction des maisons se déroule lentement et la cohabitation avec les Amérindiens n’est pas toujours facile. En 1650, sur les quelque 150 personnes venues à Montréal depuis sa fondation, il n’en reste qu’une cinquantaine. Jeanne Mance convainc alors Maisonneuve de se rendre en France et d’y recruter de nouveaux colons avec l’argent consenti par madame de Bullion pour le fonctionnement de l’hôpital. Cet événement, appelé la Grande Recrue, est considéré comme celui qui sauve la colonie. En 1653, quelque 177 colons, dont 14 femmes, débarquent à Montréal. Les hommes recrutés signent des contrats avec la Compagnie de Montréal et s’engagent à travailler de ce côté-ci de l’Atlantique pour une période de trois à cinq ans moyennant logement et nourriture et un retour en France sans frais au terme de leur engagement. Marguerite Bourgeoys fait aussi partie du voyage et devient la partenaire de Maisonneuve et de Jeanne Mance dans l’administration de la colonie. 

Avant son décès, Jeanne Mance pose, en 1672, l’une des premières pierres de ce qui deviendra l’église Notre-Dame de Montréal. Elle est morte le 18 juin 1673 à l’âge de 67 ans. Sa sépulture est aujourd’hui conservée dans la crypte sous la chapelle du Musée des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu, sur l’avenue des Pins à Montréal.

Le répertoire de la Commission de toponymie du Québec révèle que le toponyme Jeanne Mance est attribué à 37 éléments de la géographie québécoise dont:

  • Un grand nombre de rues partout au Québec 
  • Une place 
  • Deux parcs (dont le parc Jeanne-Mance de Montréal)
  • Une circonscription électorale provinciale (Jeanne-Mance-Viger) 
  • On a donné le nom de Jeanne Mance à trois écoles : une à Montréal, une à Drummondville et une autre à Sainte-Angèle-de-Monnoir
  • Un ensemble scolaire, école primaire et collège, porte son nom à Langres, sa ville natale
  • Un lycée porte également son nom en France, à Troyes, où elle a découvert sa vocation missionnaire
  • On a fêté en 2006 le 400eanniversaire de la naissance de Jeanne Mance à Montréal comme à Langres 
  • Langres l’a honorée en 1968 d’une statue de bronze de Jean Cardot, inaugurée dans la place en face de la cathédrale où Jeanne Mance a été baptisée
  • Le prix Jeanne-Mance a été créé en 1971 par l’Association des infirmières et infirmiers du Canada afin de rendre « hommage à une ou à plusieurs infirmières au cours de son congrès biennal »
  • L’artiste Louise Viger a créé une installation pour le CHUM intitulée « La traversée des lucioles » en hommage à Jeanne Mance qui selon la légende, a utilisé des lucioles dans un bocal comme lampe du sanctuaire dans les débuts de la colonie
  • Elle a été désignée personnage historique national le 15 juillet 1998 par la Commission des lieux et monuments historiques du Canada
  • Le 17 mai 2013, elle a été désignée personnage historique par le Ministère de la Culture et des Communications du Québec

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